Hay ! Au loup !

Histoires de loups en Briançonnais au 17e siècle, d’après les Essais d’Antoine Froment, 1639.
 

Alors que quatre ou cinq jeunes bergers, venus faire leurs dévotions à la chapelle Saint-Blaise, s’en allaient par un sentier vers les Puys, un loup sauta sur le premier et le saisit par sa veste. Les autres pauvres petits bergers, pour arracher leur compagnon de la gueule et des pattes du loup affamé, le tiraient de toutes leurs forces, se tenant tous par les pieds les uns des autres. Le loup était bien en peine de les traîner tous cinq : au moment où il lâcha la veste pour saisir sa proie par le cou, le garçon se jeta d’un coup à bas d'un mur sur lequel passait ce sentier et eut la vie sauve.

 

 

Le mercredi des Cendres de l’année 1633, un loup vint au village de Prelles attaquer une femme qui attisait son feu dans sa fougagne. Il la tirait derrière par les gros plis de ses robes. Elle, croyant que c’était quelques caresses de son mari, dit « laissez cela ! » jusqu'à ce que, les sentant un peu extraordinaires et rudes, elle se tourna et tout effrayée et surprise se prit à crier, « hay ! au loup ! »  Le mari accourant, le loup se tourne en furie contre lui, la gorge ouverte et grinçant des dents : le mari y fourre le bras, le saisit par la langue. À leur clameur vint le frère qui asséna un coup de hache si fort sur la tête du loup que celui-ci lâcha le bras et la vie.

 

 

On assure que certains à volonté deviennent loups puis hommes comme bon leur semble. Certains disent l'avoir vu : nos loups sont des loups-garous ou des sorciers.

Ainsi un maître-maçon de Saint-Chaffrey, avec ce qu'il était grand, grêle, pauvre, d'un assez mauvais regard, à double prunelle, exténué et revêtu d'une camisole fourrée de quelques lambeaux de peau de loup, on lui criait au loup ! au loup ! par les villages. Et une femme dite Lovère boitait, toute farouche et sauvage. On avait l’idée qu'elle et l'autre étaient les deux loups qui, entrés en Vallouise, en furent chassés après que l'un d'eux eut la nuit attrapé une femme en flagrant délit. Cette femme, pendant qu'on était dans le premier sommeil, était allée comme à son accoutumée dérober des choux à son parent du voisinage. Le loup la prit à la gorge, la traînant dans un grand aqueduc alors à sec dont il ne pût la sortir à cause de sa résistance et de ses robes. Le mari parce qu’il savait les loups proches et parce ce qu'elle tardait, sortit du lit plein d’appréhension, accourut aux cris et, les ayant trouvés en lutte, il la sauva de l’attaque. Elle fut par la suite si bien soignée qu’elle accoucha néanmoins heureusement environ un mois après et fut guérie.

 

 

 

 

Résumé et remis en forme d’après les Essais d’Antoine Froment avocat au parlement du Dauphiné sur l’incendie de sa patrie, les singularités des Alpes en la principauté du Briançonnais, 1639.

 

Service du Patrimoine - Véronique Faucher 

 

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