Il s’agissait d’une cloche civile qui sonnait pour prévenir les habitants d’un événement particulier :
rassemblement des habitants pour une corvée (les canaux par exemple, au printemps) ou pour prendre une décision importante.
Elle se faisait entendre aussi dans des circonstances plus dramatiques, quand un incendie se déclarait dans la ville. C’était alors le tocsin et personne ne s’y trompait…
Les incendies étaient fréquents à Briançon. Deux ont marqué les mémoires car ils ont détruit pratiquement toute la ville.
Le premier, en 1624, partit de la place du Temple. C’était, dit-on, à la suite d’un vol de pommes dans les greniers qu’il se déclara ; la chandelle qui éclairait les voleurs tomba dans le foin et le feu prit aussitôt…
Les Briançonnais ont toujours eu la hantise de l’incendie, leurs maisons essentiellement en bois étant un combustible de premier choix. Pour se défendre du feu, ils ont aménagé en 1345 au milieu de la Grande rue un canal prenant ses eaux dans la Guisane, afin d’avoir de l’eau toujours disponible et pouvoir réagir aux premières flammes. Ils avaient mis sur pied une organisation efficace et bien rôdée et ont à coup sûr éteint de très nombreux départs d’incendie.
Que s’est-il passé cette fois-ci ? En cette toute fin d’automne, il faisait très froid, si froid que l’eau du canal de la Grande rue avait gelé en amont. Les habitants ont eu recours aux bassins des fontaines qui ont été rapidement épuisés. Ils ont alors tenté, vainement, d'éteindre les flammes avec le vin des caves...
Ils se réfugièrent hors de la ville et regardèrent leurs maisons dévorées par ce feu qui ne fût maîtrisé qu’au bout de 5 jours. On n’a déploré que deux victimes.
En hiver 1692, la cloche du Son du Serre sonna à nouveau le tocsin : un nouvel incendie ravagea la ville dans les mêmes conditions de manque d’eau.
Après ce deuxième incendie, on rebâtit les maisons en pierre…
En 1716, la cloche fut fondue pour la fabrication de la grosse cloche de la Collégiale. Une nouvelle la remplaça. À proximité, on construisit un corps de garde d'où les soldats pouvaient sonner l'alarme.
Aujourd’hui la cloche du Son du Serre est discrète et ne sonne plus mais elle reste un fidèle témoin du passé et des grands événements qu’a connus Briançon.
Pour prévenir les incendies, des règlements de police ont été mis en place dès le Moyen Âge. Voir ci-dessous celui de 1732.
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Service du Patrimoine - Véronique Faucher
Règlement de police datant de 1732 - Archives de Briançon
- Faire sortir les cheminées au plus haut des maisons.
- Interdiction d'entreposer du bois, paille ou fourrage dans les galetas à moins de un pied des cheminées en ville, deux pieds dans les hameaux.
- Ceux qui sont obligés d'entreposer du bois dans leurs appartements le tiendront le plus loin possible de la cheminée et tiendront les abords de celle-ci dégagés et propres.
- Les cheminées des fours et forges seront ramonées une fois par an, les autres quatre fois par an.
- Tenir en permanence dans les galetas une échelle pour accéder à la partie du toit où sont les cheminées.
- Interdiction d'aller la nuit dans les greniers à grain, paille ou bois avec de la lumière.
- Interdiction d'entrer dans les chambres ménagères avec de la lumière sauf lanternes bien fermées, dans les autres pièces, sauf avec des chandeliers et lampes posées loin des lits et matières combustibles, de fumer la pipe près des mêmes matières.
- Défense de transporter des braises autrement que dans des réchauds et récipients adéquats.
- Chaque habitant aura toujours dans sa maison au moins un seau d'eau en ville et deux seaux dans les hameaux.
- Les mansiers du canal de ville laisseront l'eau au canal jour et nuit les dimanches et jours de foire et chaque nuit mettront l'eau au canal dès la première alarme sans égard pour les droits d'arrosage des particuliers.
- Au premier signal donné du château ou de vive voix, le premier à entendre fera sonner le tocsin au Son du Serre sans s'arrêter.
- Chaque maison ira ou enverra une personne avec un seau à la Grande Rue et conservera chez lui pour cela un seau marqué à son nom.
- Même s'il n'y a pas dommage, les occupants des maisons où prendra le feu paieront 20 livres d'amende et seront responsables pour les enfants, domestiques et locataires solvables.
- Les officiers de quartier disposeront d'une liste des habitants et d'une liste des ouvriers du bâtiment de leur quartier afin de pouvoir organiser la lutte et punir ceux qui manqueront à leur devoir.
- Un inventaire des ustensiles : échelles, crochets, perches, anneaux, bâches, cordes, câbles et cuviers appartenant à la ville sera établi et tenu à jour par le secrétaire, avec interdiction de les prêter pour quelque usage que ce soit. Ceux qui voleraient un de ces ustensiles seraient punis d'amende et de prison.